Aziz

Je me présente : je dis mon nom, ce qui fait ma vie ici, ma femme, mes enfants, mon travail. Mes origines ne viennent pas tout de suite ; j’en parle si on aborde la question. Je vis positivement avec ces origines.
Mes parents ont deux chez eux. Ils se sont connus Ici, mais ils ont le même Ailleurs. Moi, je suis plus d’Ici que d’Ailleurs.
Mon Ici, c’est là où je suis né, là où j’ai grandi, où j’ai appris la culture, la langue. J’y ai mon travail, ma femme également, notre maison, nos enfants qui vont à l’école. Je n’imagine pas mon avenir Ailleurs. J’ai grandi dans une cité HLM d’une grande mixité : des Ici et des Ailleurs multiples. La vie de tous les jours se passait bien. À l’école, c’était pareil. Je n’ai pas souvenir d’avoir été montré du doigt à cause de mes origines.
Mon Ailleurs, c’est celui de mes origines, celui de mes parents. C’est aussi celui de ma femme. Je n’y ai pas passé beaucoup de temps.
Aller au pays de mon Ailleurs, c’était « rentrer chez mes parents », un Ailleurs de vacances. Mais lorsqu’il surgit dans l’actualité, j’y suis plus sensible que pour d’autres ailleurs.
C’est la langue qui identifie, qui me rapproche le plus de mes origines.
Pourquoi une théière ? Là-bas, on l’utilise tout le temps, c’est l’objet autour duquel le thé est partagé. À ce moment-là, il n’y a pas les hommes d’un côté, les femmes de l’autre comme dans d’autres temps de la vie quotidienne. Tout le monde se rassemble, s’assoit pour discuter, pour échanger, une mixité totale.
Quand je rentre à la maison, je suis content de rentrer chez moi, Ici, le pays où je me sens le mieux. Tout simplement.
C’est ici que je veux être enterré.