Un kilomètre - Une heure
« Nous vivons dans un roman colossal (en grand et en petit) ».
Novalis
Souvenons-nous, mars 2020 : en quelques jours, nous sommes passés d’une invitation à continuer à fréquenter les théâtres et les spectacles, à une interdiction de circuler au-delà d’un kilomètre et pas plus d’une heure par jour ; rencontrer l’autre était devenu dangereux.
Ce dont je me rappelle, c’est la surprise du silence. Pas un bruit dans la rue, pas de voiture, de talon qui claque pressé d’arriver à la gare où les trains passaient si peu dans ce premier matin vide. La voie rapide qui contourne la grande ville voisine était silencieuse, le ciel se nettoyait et devenait bleu, il faisait beau et froid, au début.
J’ai tenu une chronique photographique et textuelle à compter de la date de la fermeture des établissements scolaires, là où j’exerçais mon métier de professeur de musique. Le confinement strict a commencé le mardi 17 mars 2020.
Tenir debout
J’ai marché avidement tous les jours, cherchant les recoins inconnus d’une petite ville que je parcours depuis près de quarante ans. « 1 km, 1 heure »… la limite s’imposa à moi au moins un temps, un long temps, puis progressivement s’estompa : aller un peu plus loin pour chercher encore.
Pourquoi photographier ? Pourquoi écrire, puisque les deux activités furent intimement mêlées pendant ces cinquante-cinq jours imposés ? Certainement pour bouger, pour me sentir en vie alors que la mort et l’immobilité pouvaient l’emporter ; pour me sentir humain, vivant : Eros plutôt que Thanatos. Mais aussi, parce que la pandémie n’épargna pas mon entourage, pour respirer alors que d’autres, proches, souffraient de poumons frappés par un virus qu’on dit « couronné » : corona virus.
Plus de cinquante jours à photographier, à écrire…
Une manière de tenir debout.
Remerciements
L’exposition « 1 km – 1 heure » s’est déroulée avec le soutien de la municipalité d’Esbly. Marylin Chivé a su l’accompagner avec une écoute sensible et patiente, des conseils précieux. Il a été particulièrement agréable de travailler avec Viannet Deleu et les adolescentes et adolescents de l’Espace jeunesse. Qu’ils soient tous remercier pour cela.