Haïet

Mon prénom signifie « la vie », et c’est dans mon pays d’Ailleurs, là où la langue dit que je suis la vie, que j’ai commencé à aller mieux quand j’étais gravement malade.
Pour moi, on ne définit pas les personnes par leur couleur et leur origine. Je préfère parler de la grande région dont je viens, c’est cela mon Ailleurs. Je suis une citoyenne du monde. Je me sens d’Ici et fière de mes racines.
Mes parents sont arrivés Ici en 1962 et se sont installés au centre du pays d’ici. Je n’ai découvert la problématique de l’Ailleurs qu’en arrivant à la capitale, en entrant dans le monde du travail.
Mon Ailleurs a deux langues : la langue de l’histoire, et la langue de la géographie. Je suis fière de mes filles qui se servent des deux.
Garder le lien avec la famille, c’est garder le lien avec notre Ailleurs. Chaque année, on passe un temps à rencontrer ceux qui vivent là-bas, et puis un temps pour découvrir la vie si différente, parfois si difficile.
La religion est un lien avec mon Ailleurs, une conception ouverte à toutes les religions, à toutes les cultures. La cuisine, les plats de notre Ailleurs, c’est encore une façon de vivre avec et de le transmettre à mes enfants. Sur la photo, je suis avec un petit tajine, le symbole du temps long du repas cuit doucement et partagé.
Je participe à la vie de mon quartier, de ma commune. Je suis une citoyenne investie au-delà des communautés. Moi, il me faut un mélange de tout pour avoir un équilibre. Mais j’ai peur que mes filles souffrent du fait de mon Ailleurs.
Au pays de mon Ailleurs, on ne déplace jamais les restes des corps. Pour ça je préfèrerais être dans la terre de mon Ailleurs mais mon père disait que toute terre appartient à Dieu. On verra.