« Bonjour monsieur !
– Bonjour ! »
Mon petit fils a une manière très directe de s’adresser aux personnes. Il est franc, volontaire, sa voix d’enfant de bientôt sept ans cristalline et son beau sourire joyeux attendrissent tout de suite les personnes auxquelles il s’adresse.
« Attention, ne bouscule pas le monsieur ! » Naïm est passé tout proche de l’homme qu’il vient de saluer, un homme un peu âgé, disons qu’il a mon âge, l’âge où l’on commence à se rendre compte qu’on trébuche un peu plus facilement qu’avant, que l’équilibre demande un peu plus d’engagement, que la hauteur des rochers que l’enfant veut escalader commence à compter, et qui nous dit que nos muscles et nos articulations ne sont plus aussi souples.
« Il est pressé ! dit l’homme sympathique
– oui, les enfants sont toujours pressés.
– Nous, nous avons le temps !
– Et pourtant, c’est une erreur, c’est lui qui a le temps, alors que nous… ». Je laisse la fin de la phrase en suspens.
« Oui, vous avez raison, me dit-il enfin ».
Nous nous saluons joyeusement, à quelques mètres de là, Naïm avance très vite, dans sa hâte de grandir, de vivre, d’être autonome, la vie quoi. Je le regarde sans chercher à le rattraper. Il s’arrête de temps en temps, quand je l’appelle, mais aussi quand il se sent loin de nous et se retourne, sans un mot ; comme pour voir qu’il peut continuer sous la protection de ses grands-parents attentifs, de son papi qui l’enveloppe de son regard bienveillant et soignant. « Avance petit enfant, tu n’auras bientôt plus besoin de moi ! ».
« Mais, papi, est-ce que tu mourras ?
– Oui, comme tout le monde, pas tout de suite j’espère, pour que je puisse te laisser une place, mais je serai dans ton cœur, ta mémoire, tes souvenirs, je crois ».
Les petits enfants, nos espoirs d’éternité ».