Shania

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Quand je dois dire qui je suis, je dis mon nom, mon prénom et mon origine, mon Ailleurs. Mon Ailleurs est un pays habité par deux peuples en tension. C’est à cause de la guerre que mes parents sont arrivés Ici, où je suis née.

La communauté majoritaire est au pouvoir. Moi, je fais partie de la communauté minoritaire. Entre elles, beaucoup de différences religieuses et culturelles, mais aussi du commun : notre pays. Nous avons accueilli chez nous une famille de l’autre communauté.

Mon Ailleurs, je n’y suis allée que deux fois mais il vit en moi par tout ce que m’ont transmis mes parents, comme la cuisine. Notre cuisine, ce sont les plats de notre grande région mais la façon dont nous les préparons, les épices, font que l’on sait tout de suite que c’est la nôtre.

L’objet que j’ai apporté, c’est un sulagu. C’est fait en feuilles de palmier et ça sert à nettoyer le riz. Ici, on s’en sert autrement.

Mon Ailleurs, c’est le calme. Là-bas les gens ne sont pas dans le rush, ils ne marchent pas vite comme Ici.

Et puis, un autre Ailleurs vit en moi par sa langue, que parle le monde entier. Elle est beaucoup parlée dans notre communauté qui lui emprunte des mots. Quand je pense, je pense dans cette langue.

Mon Ici, c’est ce pays d’Ici où vit ma famille, où j’étudie, où j’ai mes amis. Mon Ici c’est ce qui m’est proche. Physiquement, sentimentalement. Mon Ailleurs c’est le lointain.

Avoir un Ailleurs, c’est toujours une richesse que l’on peut partager, que je transmettrai à mes enfants. Peut-être que, quand je serai vieille, je retournerai dans mon Ailleurs, mais je crois que je voudrais être enterrée Ici, près de mes parents.