Thélème

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« D’où viens-tu ? » Il n’y a qu’ici qu’on pose cette question.

J’ai arrêté de parler de mes origines. C’est une partie de moi que je ne connais pas.

Ma mère a changé d’île. Elle  est venue en Île-de-France où elle a perdu la langue de ses origines. Mon père est d’Ici mais porte un patronyme qui peut faire penser à un Ailleurs. La famille, c’est ce qui me lie à l’Ici et à l’Ailleurs. Si je n’avais pas de famille, je pourrais partir, aller vivre de l’autre côté de la terre.

À 19 ans, j’ai débarqué en métropole, sachant le métropolitain. Mon Ailleurs est en moi, quotidiennement porté par la langue, la musique, la décoration, la nourriture. J’ai des attaches, je garde le lien avec mon Ailleurs que je n’importe pas Ici.

Ici, c’est la pluie, le froid ; Ailleurs, c’est le soleil, le chaud. Chaque année j’espère pouvoir rentrer définitivement, mais je ne vis pas constamment dans la nostalgie de mon Ailleurs.

Je vis pleinement Ici avec la conscience de venir d’Ailleurs. J’en apporte des touches à ma vie. Mon Ici l’est par nécessité. Mon Ailleurs, c’est mon rêve de vie. Si je reste encore dix ans ici, je serai plus d’Ici que d’Ailleurs.

Il ne faut pas renier ses origines, car c’est une force de venir d’Ailleurs, d’avoir un prénom différent.

Je m’appelle Thélème. Je suis d’Ailleurs et d’Ici.