Aujourd’hui, je suis allé à Paris, un problème avec ma chambre. Non pas mon logement, l’objectif de ma chambre photographique qui est toujours gommé, bloqué quasiment, je dois aller dans un magasin de photographie suranné.

J’ai aussi avec moi mon Canon 5Ds, j’adore, et un 18mm que je prends de plus en plus. Grand angle, il permet des points de vue formidables.

Evidemment, au retour, je passe place de la République, espérant que quelque chose s’y passerait, rien, quelques graffitis, des skaters habituels qui donnent une curieuse sonorité au lieu, mais le ciel chargé derrière la statut m’inspire, je pars au nord avec une photographie en tête : « il y a de l’orage au-dessus de la République ! ».
Trois jeunes hommes m’interpellent rigolards, d’emblée sympathiques : « prenez-nous en photographie ! ». Je suis d’abord surpris, concentré sur le cadrage de la statue, ils pensent que je ne veux pas : « mais si, bien entendu ! ».
Mesure de lumière : « je prends des photographies à l’ancienne, il faut faire plein de choses à l’ancienne ! Placez-vous donc plutôt là, avec la statue dans votre dos ! » Les trois copains rigolent, deviennent un temps sérieux, je suis agenouillé. J’interromps mon mouvement, soudainement grave : « Avant que je ne fasse la photographie, qu’est-ce que vous avez voté dimanche ?
– Mahdi, le premier, me répond très vite LFI
– Bon, ça va
– Le deuxième (pourquoi ai-je oublié de lui demander son nom ?) : Le parti animaliste ! puis, dans un grand éclat de rire, non, je déconne ! »
Rires, complicité, je les tutoye, les engage à faire de même avec moi, la différence d’âge est trop grande, ça restera « Vous » et « Monsieur » !
« il faut voter, faire voter, militer, surtout avec ton nom ! » Mahdi vient de me donner son mail, son nom ne fait pas de doute sur ses origines.
« Mais vous aussi vous êtes maghrébin ! »
Surprise de ma part, c’est bien la première fois qu’on me le dit, ça me fait rire. Ils ne m’ont pas vu avec le turban, la Kachabaya, il y a quelques semaines en Algérie. « Si, c’est incroyable, vous avez des traits maghrébins ! ». Non, pas moi, mon petit fils lui, comme mes filles, est de partout, du maghreb, de l’Afrique noire, de l’océan indien, des Antilles peut-être, il est français, il est l’univers.
Nous discutons de façon fort sympathique, Mahdi est intéressé par la photo, je lui donne quelques conseils, je leur promets la photographie, c’est fait. J’ai vite regretté de ne pas les avoir mis en scène, on aurait pu rigoler bien plus, ils étaient tellement vivants.
Ils m’ont fait du bien ces trois copains, leur joie, leur bonne humeur malgré le désastre en cours, leur jeunesse. Militez, prenez vos vies et celles de vos frères humains en main, solidaires, vous êtes tellement sympathiques… place de la République.