Mourali

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Le nom que je porte est comme un prénom. C’est celui de mon père qu’il a choisi de laisser à tous ses descendants. Les gens d’Ici le prennent souvent pour mon prénom, je le leur permets.

Je suis né dans une colonie du pays d’Ici, un petit territoire d’un grand pays lointain. C’était quelques jours avant qu’il n’y soit intégré. J’ai donc perdu la nationalité d’Ici et j’ai eu du mal à la retrouver, plus tard.

Celle qui est devenue ma femme était de la même origine que moi. Elle avait gardé la nationalité d’Ici. Cette nationalité est importante pour moi car j’aime le pays d’Ici. Il est plus développé. Il n’y a pas de séparation entre les gens en castes comme en mon Ailleurs, pas de corruption dans la politique comme en mon Ailleurs, ou bien je ne la vois pas.

Mon Ici est là où j’ai installé ma famille, là où je vis depuis 20 ans, où je participe à la vie de la cité, où je travaille, où je continue de me former. Dans mon pays d’Ailleurs j’étais professeur et je parle cinq langues. Ici, j’ai assuré la sûreté à l’aéroport, j’ai contrôlé les gens qui arrivaient et puis je suis devenu technicien supérieur en informatique.
De mon Ailleurs me manquent la famille, les amis, la lumière. La poudre que j’ai apportée, comme objet, on s’en met chaque matin un point au creux naturel du front pour se protéger de cette lumière, pour protéger sa santé ; c’est aussi le moment d’une prière pour se rappeler nos obligations d’humain. La nourriture de mon origine peut se faire Ici. Il manque juste des fruits de là-bas, leur goût. C’est quelque chose que l’on transmet à notre fille. Mais je lui transmets surtout les principes, les valeurs, des rituels.

Dans la culture de mon Ailleurs, c’est très important d’élever ses enfants dans le respect des règles. On les surveille même si on leur laisse de la liberté.

Ici, on voit des jeunes qui n’écoutent pas leurs parents.